Repenser le XIXe siècle littéraire russe à partir du féminin : questions d'historiographie - Inalco - Institut National des Langues et Civilisations Orientales Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Silène Année : 2020

Rethinking 19th century Russian literature from the feminine: questions of historiography

Repenser le XIXe siècle littéraire russe à partir du féminin : questions d'historiographie

Catherine Géry

Résumé

Be they endogenous or exogenous, literary histories of the "Russian golden age" (the 19th century) have remained unaffected by the epistemological questionings that have significantly renewed writings of history since the late 20th century. Today still, they are conceived of as memorial histories, rather than critical ones. For the most part, they contribute to the elaboration of a narration that is fragmented, patrimonial, essentialist and museumized; one from which women have been almost completely erased. Nineteenth-century women's literature in Russia is a "dark continent"; it is the invisible and unexplored of a literary continent which, for its part, is perfectly mapped (the "major" Russian literature by men). Bringing 19th-century Russian women writers into the History and histories of literatures is thus a way of defamiliarizing our relationship to the literary canon, triggering a salutary conquest of the centre by the margins, rejecting linear or top-down approaches and favouring the abundance and complexity of situations, circulations and hybridization. This is all the more pertinent given that the specific position of women writers both within and outside the literary processes that they contributed to forging while at the same time remaining excluded by them, and their relegation to forms of writing considered "secondary", are all factors that have allowed these women writers to be active agents of literary modernity in Russia.
Qu’elles soient endogènes ou exogènes, les histoires littéraires du « grand siècle russe » (le XIXe) sont restées à l’écart des questionnements épistémologiques qui ont rénové en profondeur l’écriture historique depuis la fin du XXe siècle. Elles se conçoivent aujourd’hui encore comme des histoires mémorielles plutôt que comme des histoires critiques, et contribuent pour la plupart à l’élaboration d’une narration parcellaire, patrimoniale, essentialiste et muséifiée, dont les femmes ont été presqu’entièrement effacées. La littérature des femmes en Russie au XIXe siècle est un dark continent : c’est la partie inapparente et inexplorée d’un continent littéraire quant à lui parfaitement répertorié (la « grande » littérature russe des hommes). Faire entrer les écrivaines du XIXe siècle russe dans l’Histoire et dans les histoires de la littérature serait donc une façon de défamiliariser notre rapport au canon littéraire en amorçant une conquête salutaire du centre par les marges, en rejetant les approches linéaires ou surplombantes et en donnant la primauté au foisonnement et à la complexité des situations, aux circulations et à l’hybridation. Et ceci d’autant plus que la position spécifique des écrivaines, qui se situent à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des processus littéraires qu’elles ont contribué à façonner tout en en restant exclues, leur cantonnement dans des formes d’écriture considérées comme «secondaires» sont autant de facteurs qui ont permis à ces auteures d’être des agents actifs de la modernité littéraire en Russie.
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Citer

Catherine Géry. Repenser le XIXe siècle littéraire russe à partir du féminin : questions d'historiographie. Silène, 2020. ⟨hal-03003781⟩
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