Les débuts de la musique électroacoustique japonaise et ses archives sonores

Jeremy Corral (1, 2)

1 IFRAE - Institut français de recherche sur l’Asie de l’Est
2 CEJ EA 1441 - Centre d'Études Japonaises

Au Japon, les premières expériences de musique créée sur bande magnétique entièrement encadrées par une institution culturelle ont lieu en 1954 dans les locaux de la NHK. L’intérêt pour cet art musical neuf, rendu possible par le support d’enregistrement et pensé pour lui, est vif et se développe rapidement tandis qu’est considérée dans le même temps la production internationale du genre. À partir de 1955, la mise en place d’espaces physiques et radiophoniques dédiés à cette musique en gestation témoigne d’une certaine volonté de poser à cet endroit les rudiments de la modernité musicale japonaise. Ce qui sera plus tard connu comme le « studio de musique électronique de la NHK », se faisant l’écho du studio de la NWDR à Cologne fondé en 1951, permet ainsi à de nombreux compositeurs d’avoir accès à de nouvelles technologies et de mettre à l’épreuve de nouvelles techniques grâce auxquelles ils constituent un corpus d’œuvres faisant preuve d’une originalité indéniable. La NHK n’est pas la seule institution à agir dans le domaine : dans les années 1950 et 1960, plusieurs autres studios privés de divers importances et rayonnements sont constitués pour donner naissance à une importante production nationale. L’œuvre de musique électroacoustique est intrinsèquement liée à son support matériel ; elle n’a d’existence qu’à travers lui. Comme il est de mise avec la musique traditionnelle, la musique électroacoustique ne peut donc trouver ses voies d’exécution par un orchestre sur scène : c’est dire l’importance de la conservation de l’enregistrement original, qui dans bien des cas fait office d’œuvre définitive. Alors que les standards de stockage de l’information sonore et la nature même du média sont régulièrement améliorés et transformés, la musique électroacoustique se heurte par conséquent à la nécessité de toujours voir son support actualisé – ce qui n’est pas sans dénaturer quelque part la qualité de l’enregistrement et donc l’effet de l’œuvre. En tenant compte de cette particularité technique inhérente au procédé de conservation de la musique électroacoustique, il s’agira de voir ici quelles sont les modalités d’archivage sonore et les conditions d’accessibilité, aujourd’hui, des débuts de la production au Japon.

Domaines: Art et histoire de l'art; Musique, musicologie et arts de la scène

Jeremy Corral. Les débuts de la musique électroacoustique japonaise et ses archives sonores. Mémoire sonore du Japon : le disque, la musique et la langue, Jan 2019, Paris, France. ⟨hal-02004690⟩