Les Classiques face aux pouvoirs ou une petite histoire de la construction, de la déconstruction et de la reconstruction du canon littéraire russe
Résumé
Pour qui est quelque peu familier de la littérature russe, la véné-ration qui entoure les écrivains entrés dans la catégorie des « Clas-siques » et les valeurs patrimoniales conférées à leurs oeuvres ne manquent pas d'être frappantes. Nul pays ne célèbre plus que la Russie ses « grands » écrivains, réunis sous l'appellation générique de klassika (la littérature ou les auteurs classiques du XIX e siècle) ; et inversement, nul pays ne semble avoir si profondément oublié ses écrivains « secondaires » ou périphériques. Si l'on ne prend que l'exemple des écrivains femmes, on constate qu'elles sont généra-lement restées durant presque tout le XIX e siècle hors des circuits majeurs de diffusion culturelle, dans un pays qui vivait sur un mode patriarcal presque exclusif et qui ne connaissait que l'idéologie des sphères séparées. Qui connaît aujourd'hui les noms de Zinaida Volkonskaïa, Karolina Pavlova, Anna Zontag ou encore Elena Gan, qui furent pourtant en leur temps lues et appréciées de leurs lecteurs ? Il en va de même pour les littératures mineures en langue non russe (la littérature russo-juive en yiddish, par exemple) qui composaient cependant à la fin du XIX e siècle une part relativement importante du champ littéraire de l'Empire multiethnique et multi-culturel, mais dont les représentants n'ont jamais eu la moindre
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)