ENTRE MYTHE ET ROMAN : LE THÉÂTRE NUO DANS UN VILLAGE DE LA CHINE DU SUD-EST
Résumé
Le théâtre nuo est une forme théâtrale beaucoup plus ancienne que le théâtre chanté qui apparaît en Chine au treizième siècle. Considéré à l’origine comme un « rituel » li possédant une fonction exorciste, le nuo a ensuite évolué vers du « théâtre » xi tout en conservant de nombreux aspects rituels. De nos jours, il est encore représenté avec des masques en bois sculptés et peints, qui sont les incarnations d’entités surnaturelles. Ses formes régionales varient beaucoup. Dans la province du Jiangxi située dans le sud-est de la Chine, le nuo est muet et dansé, et il est toujours représenté dans les maisons des paysans.
Parce que ce théâtre n’est ni chanté ni parlé, il est difficile d’interpréter les saynètes qui le composent. A Shiyou, le village étudié, les villageois disent que le fond originel de l’histoire a été oublié, mais cela ne les empêchent pas d’avancer aussi deux interprétations. La première, appelée « l’histoire taoïste » se rapporte à des mythes chinois anciens, notamment la séparation du ciel et de la terre par Pangu et la fabrication des hommes par Nüwa avec de la boue jaune ; la deuxième, appelée « l’histoire de l’Investiture des dieux » se réfère au roman populaire du même nom qui décrit l’écroulement de la dynastie des Shang (- 1600 – 1046 av. JC) et l’avènement de la dynastie des Zhou (- 1046 – 221 av. JC), soutenue par les dieux.
L’article porte d’abord sur l’analyse interne des deux histoires pour mettre au jour leurs congruences et leurs différences et tenter ainsi de comprendre les sens qu’elles revêtent pour les villageois. Il montre ensuite comment ces deux histoires s’inscrivent dans l’organisation générale du rituel théâtral nuo.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
Origine : Accord explicite pour ce dépôt